« Je préserve mes sols tout en allégeant le temps de travail »
En jouant sur la rotation et les couverts, Patrice Grilhères améliore ses sols tout en contenant le ray-grass. Il simplifie aussi le travail pour tout faire seul.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Depuis mars 2024, je cultive seul 213 ha, mon associé ayant pris sa retraite. Afin d’alléger le travail, je vais accroître la part du semis direct et continuer à simplifier les préparations de sol. J’ai également arrêté les cultures de semence. Sans contraintes d’isolement, je vais gérer plus facilement la rotation », explique Patrice Grilhères, céréalier aux Cassés, dans l’Aude.
Afin de contenir les adventices, il mise sur la succession des cultures en l’adaptant au potentiel de ses sols argilo-calcaires, dont la profondeur varie de 20 à 100 cm. « Dans les petites terres, j’enchaîne colza associé à des plantes de service, deux blés, deux ans de luzerne puis deux blés. Là où le potentiel est meilleur, j’intercale du tournesol et du pois à la place de la luzerne. Et dans les terres irrigables, blé, soja, blé et tournesol se succèdent », détaille-t-il.
Dans ses choix d’assolement, il tient compte du salissement. « Là où le ray-grass s’est incrusté, je vais implanter du tournesol ce printemps et du soja l’an prochain, afin de casser son cycle avec deux cultures d’été », note-t-il. Celles-ci, de même que les colzas et les pois d’hiver, l’aident à alterner les désherbants. « Le Kerb Flo, par exemple, autorisé sur colza et pois, fonctionne encore bien sur ray-grass. »
Les cultures de blé dur et de blé de force occupent malgré tout plus de la moitié de sa sole, car elles dégagent les meilleures marges. « Avec un bon taux de protéines, la qualité de ces blés est valorisée. Et les rendements restent plus réguliers que ceux du colza et du pois. »
Des sols bien couverts
Depuis quatre ans, Patrice implante des couverts afin d’améliorer ses sols tout en limitant les adventices. « Entre deux blés, j’ai semé après la moisson un mélange de fenugrec, trèfle, colza et lin. Après l’avoir broyé à l’automne, j’ai implanté du blé en direct. J’ai aussi testé une association de sorgho Piper, radis fourrager et phacélie, qui a bien poussé », retrace-t-il.
« Semer des couverts me permet de choisir des espèces faciles à détruire avant la culture de vente. »
Cette année, un couvert permanent dans le colza est à l’essai. « J’ai semé du fenugrec et de la lentille, qui ont poussé rapidement et occupé le terrain entre les rangs. La luzerne et le lotier vont démarrer en fin de cycle du colza, et resteront dans les deux cultures de blé à venir. J’espère ainsi regagner du rendement sur le deuxième blé. »
Pour améliorer ses sols, Patrice a également réduit le labour. « Le plus souvent, je fais juste une préparation superficielle avec un déchaumeur ou un vibroculteur. Avant le couvert de féverole précédant le tournesol ou le soja, je décompacte. Et pour bousculer encore moins le sol, je prévois de m’équiper d’un fissurateur. »
Fertilisation localisée
En 2023, il a investi dans un semoir direct avec une cuve à l’avant pour apporter localement azote et phosphore. « J’évite ainsi de mettre de l’engrais entre les rangs, espacés de 25 cm, ce qui réduit les doses. Et je ne fertilise plus les adventices ! », se satisfait Patrice.
Il utilise ce semoir pour le blé, le colza, le pois, le soja et les couverts. « Il travaille bien même si le sol est sec et motteux », observe-t-il. Deux passages suffisent pour implanter et désherber les blés au lieu de quatre auparavant. « C’est un gain de temps et de carburant. Je ne consomme plus que 12 l/ha contre 19 l/ha précédemment. »
Il observe déjà les premiers bénéfices de toutes ces évolutions. « La structure de mes sols s’est améliorée. Il y a moins d’érosion, je ne retrouve plus de terre en bas des coteaux après une grosse pluie. Et j’ai une meilleure portance pour désherber ou traiter », constate-t-il. Les vers de terre sont plus nombreux. Patrice prévoit cette année d’implanter davantage de couverts, car en dessous la température grimpe moins l’été. « C’est important pour préserver la vie du sol », ajoute-t-il.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :